Selon les dernières données de la Banque mondiale, 1,7 milliard d’adultes dans le monde ne sont toujours pas bancarisés, une proportion de 56 pour cent d’entre eux étant des femmes. La tendance se poursuit en Afrique où près de 95 millions de personnes adultes non bancarisées reçoivent des paiements en espèces en échange de leurs produits agricoles et 65 millions épargnent en ayant recours à des méthodes semi-formelles. Faute d’accès aux services bancaires et de compétences en matière financière – notamment pour épargner, préparer un budget ou gérer l’endettement – les femmes qui sont déjà pauvres n’ont que peu voire aucun moyen d’investir, de bénéficier d’une retraite ou de constituer une réserve pour faire face aux situations d’urgence. En cas de crise humanitaire, ces défis s’aggravent. Esperance Mutegwaraba, âgée de 61 ans, a fui pour échapper au conflit en République démocratique du Congo en 2012, tout comme 30 000 autres réfugiés.
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J’ai fui la
guerre avec mes quatre enfants et quatre petits-enfants, et une jeune orpheline
que j’ai sauvée... La vie était vraiment dure… Nous n’avions nulle part où
dormir, nulle part où aller. Mon mari et moi étions séparés.
Je suis arrivée
dans ce camp de réfugiés en juin 2012. Mes enfants sont le seul motif pour
lequel je reste ici, parce que si je les ramène au Congo, ils ne pourront pas
terminer leurs études.
J’étais si
enthousiaste quand j’ai été sélectionnée pour suivre une formation dans le
cadre du programme d’ONU Femmes au camp de réfugiés ! Nous apprenons la
vannerie et à tresser de magnifiques paniers qui sont vendus par Indego Africa
dans le monde entier. Nous recevons des commandes et les paiements sont versés
sur notre compte bancaire personnel, ouvert dans le cadre du programme, c’est
tout nouveau pour moi. Notre coopérative, Igisubizo (« La solution »), a reçu
environ 300 000 francs rwandais (l’équivalent de 340 USD) pour la première
commande que nous avons exécutée.
Ces six années
passées dans le camp de réfugiés ont représenté pour moi, pour la première
fois, un endroit où vivre et être productive, où rencontrer d’autres femmes,
partager des expériences et où procurer et trouver du réconfort. J’ai 61 ans et
les autres femmes m’appellent « Taté » (qui signifie « mamie »). Avant cela,
les gens doutaient de ma capacité à travailler à cause de mon âge. Mais le
programme m’a permis de regagner confiance, et malgré les nombreuses tentatives
ratées au départ, avant d’apprendre l’art de tresser des paniers, je n’ai
jamais abandonné et j’apprends tous les jours grâce au soutien des formateurs.
Dans ma ville
natale, les seuls choix possibles de travail pour les femmes auraient été le
travail agricole et le travail domestique ; la possibilité de travailler
ensemble au sein de coopératives ou celle de parler en public ne nous était pas
offerte. Le fait de venir ici nous a réellement permis d’apprendre beaucoup et
si je retourne au Congo, ce sont des connaissances que je pourrai utiliser.
Nous avons appris
à gérer nos finances et nous économisons 10 pour cent de ce que nous gagnons
sur notre compte. Même si ce n’est qu’un début, je peux déjà sentir l’impact
pour ma famille, mes enfants, et cela me donne de l’espoir pour leur avenir… le
programme m’a ouvert des portes dont j’ignorais l’existence.
En raison de son âge et de son analphabétisme, Esperance Mutegwaraba n’avait guère de possibilités de travailler, jusqu’à ce qu’elle s’inscrive au programme géré par Indego Africa et soutenu par ONU Femmes, qui aide à former les femmes réfugiées et à leur faire acquérir des compétences entrepreneuriales. Grâce au financement apporté par le gouvernement de la Suède, ce programme leur permet également d’acquérir des compétences en matière financière, d’avoir accès au crédit et aux services bancaires ; en outre, il a facilité leur adhésion à une coopérative.
Source> ONU Femmes
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